Hans Hartung (1904 -1981) – Une liberté salutaire

Du 5 juillet au 13 octobre 2024, Le Doyenné présente une rétrospective, la première depuis celle de 2019 à Paris, de l’artiste Hans Hartung.

C’est dans ses carnets de jeunesse (écrits en allemand) que Hans Hartung se fixe, alors qu’il est encore adolescent, cette ambition ultime d’« accompli[r] ce qui est démesuré. » Et, au fond, cette exposition rend compte de ce trajet vers l’excès et le lâcher-prise du geste, depuis la jeunesse jusqu’à la mort.

L’existence de Hartung est elle-même d’une intensité extraordinaire, parce qu’elle est faite de drames nombreux et de succès lumineux. Il s’agit donc d’une rétrospective, la première depuis celle de 2019 à Paris, et elle déploie parmi la soixantaine de toiles et de papiers, quelques-uns des chefs-d’œuvre de l’artiste mais aussi une dizaine de pièces remarquables exposées pour la toute première fois, ainsi que des archives à la fois instructives et émouvantes. Elle raconte donc l’histoire d’un homme, celle de la peinture et également un peu l’épopée tragique d’un siècle.

« Mes éclairs enfantins ont eu, j’en suis sûr, une influence sur mon développement artistique, sur ma manière de peindre. Ils m’ont donné le sens de la vitesse du trait, l’envie de saisir par le crayon ou le pinceau l’instantané, ils m’ont fait connaître l’urgence de la spontanéité. Il y a souvent, dans mes tableaux, des lignes zigzaguées, brisées, qui courent et traversent mes toiles comme elles le faisaient sur mes livres des éclairs. » 

Hans HARTUNG Autoportrait, Dijon, Les Presses du réel, 2016, p. 20-21.

Après, Marc Chagall, Joan Miró, Nicolas de Staël, Pablo Picasso et Ernest Pignon-Ernest, c’est à Hans Hartung, artiste majeur du XXe siècle qui fit de la libération du geste sa marque de fabrique, que le Doyenné – Espace d’Art Moderne et Contemporain dédie ses espaces d’exposition temporaire en offrant à ses visiteurs, à l’été 2024, un panorama choisi et complet d’une œuvre forte et prolifique.
Chercheur infatigable, acteur d’une véritable révolution formelle, Hartung expérimente tout au long de sa vie de nouveaux outils pour réinventer son art. En parallèle à la peinture, il pratiqua la photographie, la céramique, la gravure et fut par ailleurs l’architecte d’une villa à Antibes devenue aujourd’hui la Fondation Hartung-Bergman. Précurseur de l’abstraction lyrique, l’artiste français d’origine allemande (né le 21 septembre 1904 à Leipzig et décédé le 7 décembre 1989 à Antibes) livre à travers son art, sa traversée du XXe siècle, marquée par les deux Guerres mondiales, où il deviendra invalide de guerre en se faisant amputer par deux fois la jambe droite. Son travail raconte son propre langage face aux événements qu’il a connu et c’est ce que souhaite mettre en lumière Le Doyenné, à travers cette rétrospective.