Artistes et paysans – Battre la campagne

Au printemps 2024, les Abattoirs proposent une exploration des liens multiples et riches entre les artistes et les paysans à l’aune des enjeux auxquels fait face l’agriculture aujourd’hui.

Rassemblant près de 150 œuvres, l’exposition Artistes et paysans. Battre la campagne contextualise et met en évidence les points de rencontre entre art et agriculture, tout en explorant la manière dont ce dialogue a évolué dans un contexte de redéfinition des relations entre l’humain et son environnement.

Au travers d’un parcours thématique, l’exposition aborde les questions de la représentation du paysan, des semences, de la fabrication du paysage ou encore des gestes et savoir-faire, et met en avant les artistes, historiques et émergents, qui placent au cœur de leur pratique la figure et le travail des paysans et paysannes. Elle remet notamment en perspective l’entrée du monde paysan au musée au XIXe siècle, par l’intermédiaire notable de peintres tels que Jean-François Millet, Rosa Bonheur ou Jules Breton – dont des œuvres sont exceptionnellement prêtées par le Musée d’Orsay – qui, s’intéressant au plein air, aux campagnes et aux animaux, ont introduit la représentation de leur vie et de leur travail dans le champ des Beaux-Arts. Le XXe siècle accompagne la fixation et la préservation d’un mode de vie agricole par la création de musées d’ethnologie et de traditions populaires, notamment évoqué grâce à d’importants prêts du Mucem (Marseille), mode de vie dont les artistes d’aujourd’hui proposent une relecture.

Des artistes fondateurs de la représentation des mondes paysans contemporains en France telle que la cinéate Agnès Varda sont ainsi présents, aux côtés des artistes pionniers Agnès Denes, Lois Weinberger ou encore Gianfranco Baruchello qui, dès les années 1970, ont fait de l’acte de planter une action artistique et politique. Tous partagent sous des formes variées, généralement via une relation directe avec les agriculteurs et agricultrices, des récits pluriels qui ont été souvent romantisés ou mis de côté. À travers leurs œuvres, les artistes mettent en relief les réalités et les difficultés de la vie paysanne, et en dressent de nouveaux portraits, tout en questionnant l’éloignement entre les lieux de production et de consommation.
Chaque œuvre reflète ainsi un mode de réinvestissement de notre lien au vivant et aux mains qui nous nourrissent, ouvrant sur un terrain de création pour une reconnexion des pratiques artistiques et agricoles.