Pasolini en clair-obscur

L’exposition du Nouveau Musée National de Monaco – Villa Sauber aborde l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, du point de vue de l’influence que la peinture classique et contemporaine a eu sur son cinéma.

Le terme de « clair-obscur  » du titre renvoie ainsi autant à la peinture caravagesque qu’au noir et blanc d’Accattone. L’exposition réunit des pièces de différentes natures (extraits de films, peintures, dessins, installations, photographies, …) du XVIème siècle à nos jours. Elle s’ouvre enfin sur l’art contemporain en présentant des œuvres au travers desquelles une trentaine d’artistes internationaux ont rendu hommage à Pier Paolo Pasolini.

Pasolini est peut-être le dernier intellectuel européen de renommée mondiale. Un demi-siècle après sa mort, son influence s’exerce encore dans les différents champs qu’il a occupés : il est lu, cité, commenté, adapté, il inspire les créateurs d’aujourd’hui. S’il aimait se définir avant tout comme « écrivain », c’est à travers ses films qu’il a touché le grand public. Aussi le cinéma, qui a offert une caisse de résonance à ses idées politiques, tient-il une place centrale dans son œuvre. C’est à cet aspect, vu à travers le prisme de l’influence de l’art classique et contemporain sur l’esthétique de ses films, que s’intéresse particulièrement l’exposition « Pasolini en clair-obscur » présentée à Monaco.

Elle évoque d’abord les années de formation de Pasolini. Ses études à l’université de Bologne, sous la direction de l’historien de l’art Roberto Longhi, éduquent son regard et influencent durablement son goût. C’est ce que démontre une juxtaposition libre d’extraits de ses films et des œuvres qui les ont inspirés. Pasolini se réapproprie celles-ci de troismanières : en les reproduisant sous forme de « tableaux vivants » (La Déposition de Pontormo dans La Ricotta) ; en lescitant à travers une reprise de leur composition ou de certains détails frappants (Le Jeune Bacchus malade du Caravage dans Accatone) ; en les incluant dans les décors mêmes (Pessimisme et optimisme de Giacomo Balla dans Salò).