Prix L’ÉCHO DES CIMES 2025 / Highway Hypnosis – Annika Katja Boll

Du 20 septembre au 19 octobre 2025, Annika Katja Boll présente son univers à l’’Espace de l’Art Concret – Centre d’art contemporain d’intérêt national, Mouans-Sartoux.

Le terme «Highway Hypnosis» désigne un état mental particulier pendant lequel un conducteur peut parcourir de longues distances, réagir aux événements extérieurs, mais ne se souvient pas d’avoir conduit consciemment. Le corps agit automatiquement, l’esprit est ailleurs. L’exposition Highway Hypnosis compare ce rythme répétitif de la route aux lignes droites des champs agricoles, aux rangées de légumes plantés, aux serres où les plantes sont cultivées et multipliées à l’infini. On y retrouve cette même logique de répétition, de défilement continu, d’alignement contrôlé. Dans l’exposition, on est confronté à la manière dont la nature est traitée, jusqu’au point où elle devient artificielle, fragmentée, analysée, numérisée.

La pratique d’Annika Boll s’inscrit dans ce croisement entre technologie et vivant. Elle utilise des procédés de numérisation — la photogrammétrie, la modélisation 3D, l’animation algorithmique—pour convertir des formes naturelles analogiques en données numériques. Ce qu’elle décrit avec une certaine ironie comme du « jardinage digital ». Elle scanne minutieusement des éléments du réel pour en produire des coquilles géométriques essentiellement vides, recouvertes de textures photographiées. Ces doublons, à la fois hyperréalistes et fantomatiques, sont ensuite soit intégrés dans des environnements numériques, soit réactivés physiquement par l’installation ou la sculpture. Les matériaux employés sont choisis pour leur potentiel d’ambiguïté : des impressions 3D en plastique de vraies plantes scannées, des représentations de nature artificielle sur des écrans sur-saturés, ou encore des objets produits en masse détournés de l’univers publicitaire.

Annika utilise des codes visuels séduisants pour piéger le regard, des couleurs artificielles ou brillantes pour attirer l’attention, des systèmes de rotation ou de boucle infinie pour créer une tension entre fascination et inconfort. Elle cherche cette complicité entre plaisir esthétique et malaise, entre désir de voir et doute sur ce que l’on regarde. Cette mise en scène du vivant transformé souligne nos tentatives mécanistes de comprendre et de classifier le vivant en une série d’actions et de réactions, davantage comme une suite de petites machines interconnectées que comme des organismes entiers. L’exposition cherche à mettre en lumière les zones de flou écologiques et perceptuelles qui émergent lorsque la vie devient donnée, image, décor ou produit. Ces oeuvres rejouent les logiques de catalogage, de duplication, d’archivage du vivant, comme si numériser ou stocker pouvait signifier protéger.

Mais il ne s’agit pas de condamner la technologie. Il s’agit plutôt de révéler sa présence diffuse dans notre quotidien, et d’en interroger les effets sur nos perceptions inconscientes, nos émotions artificielles, nos désirs fabriqués. Pour citer James Bridle, « L’attention consciente est une condition indispensable pour agir correctement et avec justice dans le monde ». C’est cette attention
envers notre condition moderne de percevoir le monde extérieur que l’exposition cherche à activer.


Le prix « L’Écho des cimes » a pour objectif d’accompagner les alumni, jeunes artistes récemment sortis de la Villa Arson, dans leur insertion professionnelle. Le Pays de Grasse est engagé auprès des jeunes artistes en leur donnant l’opportunité de rencontrer les habitant.es des communes du territoire.  Composé de 23 communes, le territoire du Pays de Grasse est défini en 4 secteurs passant du sud, d’un secteur urbain dense au nord avec un Haut-Pays grassois plus rural. Cette diversité géographique est une richesse permettant au Pays de Grasse de devenir source d’inspiration à la création. Ainsi, l’objectif du prix « L’Écho des cimes » est de soutenir les alumni de la Villa Arson et de les accompagner en tant que jeunes acteurs et jeunes actrices de l’art contemporain sur l’ensemble d’un territoire en y intégrant 2 lieux emblématiques:

1/ Le massif d’art contemporain – L’Audibergue : Le massif de l’Audibergue est une station de ski de moyenne montagne gérée par le Syndicat Mixte des stations de Gréolière-L’audibergue (SMGA). Conscient de l’impact climatique sur le devenir des stations, le SMGA travaille à une nouvelle dynamique de vie locale et touristique. Ainsi, un parcours d’art contemporain est actuellement en train de se créer sur le massif de l’Audibergue. De ce fait, en préfiguration de ce nouveau lieu de création, le lauréat crée une oeuvre tel un vecteur de compréhension et/ou de lecture du paysage.
2/ L’Espace de l’Art Concret – Centre d’art contemporain d’intérêt national, Mouans-Sartoux : Créé en 1990 et doté d’une collection d’art abstrait, la Donation Albers-Honegger, l’eac. est un centre d’art incontournable des Alpes-Maritimes. Le lauréat se voit offrir l’opportunité de présenter ses travaux lors d’une restitution de résidence au sein du centre d’art. Cette restitution de résidence permet de présenter l’univers de l’artiste.